Quelles sont les nouvelles règles du consentement ?
Après #MeToo : quelles sont les nouvelles règles du jeu du consentement ?
On parle beaucoup de “liberté sexuelle”, mais nos imaginaires ne sont pas nés d’hier. Ils se construisent dans des cultures, des scénarios, des images. Et certaines images dominent : un modèle de désir qui valorise la conquête d’un côté, la réserve de l’autre. Longtemps, l’industrie du X a amplifié ce scénario — femmes soumises, hommes dominants — au point de brouiller la question essentielle : le consentement est-il un simple “oui/non” ou une conversation vivante, co-créée, qui se négocie au fil de la relation ? Depuis #MeToo, cette question n’est plus théorique. Elle s’invite dans les couples, au travail, dans l’éducation, et redessine silencieusement ce que nous attendons du sexe… et de l’amour.
Le miroir (in)fidèle des images
Les images n’inventent pas nos désirs, mais elles les formatent. Elles proposent des scripts : qui propose, qui dispose, qui décide, qui se tait. Quand ces scripts se répètent, ils deviennent des habitudes mentales. On finit par confondre ce qui excite avec ce qui doit exciter. Or nos vies intimes ne sont pas des plateaux de tournage : elles demandent du temps, des nuances, des hésitations, parfois de la maladresse. C’est là que la liberté commence : quand on se permet d’écrire son propre scénario, au lieu de rejouer celui qu’on a appris.
Trois révolutions du consentement… et nous, maintenant
Le consentement n’a pas toujours signifié la même chose. Il a changé avec les époques, les institutions, les rapports de pouvoir.
D’abord, dans une société régie par le religieux, le consentement a longtemps concerné le mariage, plus que l’acte sexuel lui-même. Il s’agissait d’ordonner le désir à un cadre : unir deux personnes “pour la vie”, canaliser la sexualité vers la procréation, maintenir l’ordre social. Puis, en basculant vers une modernité laïque, est née l’idée du mariage d’amour. Magnifique en théorie, mais vite encadré par une double morale : la sexualité féminine attendue dans la conjugalité, la masculinité encore associée à la conquête. On a changé les mots, pas encore les scripts.
La troisième révolution, amorcée au XXe siècle et propulsée plus récemment, déplace le centre de gravité : on ne consent plus à une institution une fois pour toutes, on consent à chaque acte, dans chaque rencontre. Le point d’arbitrage n’est plus “est-ce un couple légitime ?” mais “la relation, telle qu’elle se joue ici et maintenant, est-elle librement partagée ?”.
Ce que #MeToo a rendu visible
#MeToo n’a pas inventé la parole, il l’a rassemblée. Des récits longtemps tenus à voix basse se sont reliés, et la honte a changé de camp. On a cessé de demander si la victime avait “assez résisté” pour s’autoriser à parler ; on a commencé à interroger les situations, les rapports de pouvoir, les passifs culturels. Ce mouvement a surtout déplacé l’horizon d’attente : la tolérance au “passage obligé” a chuté. Là où l’on disait “c’est comme ça”, une génération répond désormais “pourquoi ça le serait ?”.
Du “oui/non” à la conversation érotique
Le consentement sexuel n’est pas un contrat signé la veille ; c’est une conversation en direct. Il se construit par des signes verbaux et non verbaux, par des gestes qui proposent et des réponses qui ajustent, par l’espace laissé au retrait comme à l’élan. C’est risqué, parce que vivant : on peut se tromper, se raviser, demander autrement. Mais c’est précisément ce qui le rend éthique et désirable.
Dans ce cadre, la liberté féminine n’est plus la capacité à dire “non” à ce qui s’impose : c’est aussi la capacité à dire “oui” à ce qu’elle souhaite, à énoncer des préférences, à proposer sans culpabilité. La liberté masculine, elle, ne se mesure plus au nombre de conquêtes, mais à l’aptitude à écouter, vérifier, ralentir, reformuler. Deux libertés qui se répondent, et non qui s’opposent.
L’âge, le pouvoir et les lignes rouges
Parce que tout ne peut pas se régler “au cas par cas”, nos sociétés posent des lignes rouges protectrices. L’écart d’âge et de pouvoir rend le consentement non équivalent : on ne “joue” pas la même partie selon sa maturité, sa dépendance, sa vulnérabilité. C’est pour cela que la loi fixe des interdits statutaires pour les mineurs et encadre certaines situations d’emprise. Cette dimension n’annule pas la conversation érotique ; elle en définit le périmètre. L’éthique commence là où la loi s’arrête.
Ce qui change (déjà) dans la vie ordinaire
Le bouleversement ne se voit pas qu’au tribunal : il se négocie dans les salons, les messageries, les chambres. On parle plus tôt, plus clairement ; on rit de nos scripts hérités ; on apprend à demander (“ça te va si… ?”), à vérifier (“toujours ok ?”), à remercier (“merci d’avoir dit non / oui”). La “civilté sexuelle” se réinvente en petites pratiques : une attention à la parole, à la respiration, au rythme de l’autre. Rien de spectaculaire — mais tout change quand l’ordinaire change.
Et les images, alors ?
On peut continuer de consommer des images, mais en gardant la main sur leur pouvoir : séparer le spectacle du réel, interroger ce qu’il nous fait, ce qu’il nous apprend sans qu’on s’en rende compte. On peut aussi chercher des représentations qui valorisent la réciprocité, le plaisir partagé, la lenteur quand elle est souhaitée. Bref, réaccorder l’imaginaire à nos valeurs, au lieu de laisser l’imaginaire dicter nos valeurs.
Vers un érotisme du soin
Au fond, ce qui s’invente est moins une morale qu’un art de la relation. Un érotisme où l’on prend soin — de soi, de l’autre, du cadre. Où l’on peut changer d’avis sans être jugé, proposer sans imposer, explorer sans dépasser. Où le désir devient une langue commune : on l’apprend, on l’écoute, on le réécrit. Ce n’est ni la fin de la liberté, ni la fin de la surprise ; c’est le début d’une liberté qui se mérite : par l’attention, la délicatesse, la clarté.
L’autonomie du plaisir : la fuck machine
Dans cette quête de liberté et de consentement réinventé, certains objets incarnent à leur manière une nouvelle forme d’émancipation.
Les fuck machines, par exemple, traduisent ce désir contemporain de reprendre la main sur son propre plaisir : choisir le moment, le rythme, l’intensité. Elles offrent la possibilité d’explorer son corps sans attente, sans peur du jugement, sans contrainte extérieure.
Ces technologies du plaisir peuvent ainsi devenir des outils d’écoute de soi, des espaces d’expérimentation où le désir se vit librement, dans le respect de ses propres limites et de ses propres envies.
Elles rappellent que la liberté sexuelle ne passe pas uniquement par la relation à l’autre, mais aussi par la capacité à se connaître, se comprendre et se donner du plaisir en conscience.
L'équipe de Sexe Panel
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